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Bah ouais j'avais déjà expliqué que la plupart des difficultés "relationnelles" dans la schizophrénie étaient en fait dues à l'anhédonie et à des troubles de la motivation, tout simplement parce que c'est difficile d'être marrant (ou même de participer à une conversation) si on ne s'intéresse plus à rien et/ou si on ne prend plus goût à la relation.

la plupart des gens croient qu'il suffit d'avoir des activités et de se divertir pour guérir de l'anhédonie, alors que la plupart du temps c'est dénué d'efficacité thérapeutique. Pire, ça fait l'effet inverse: on se lasse de ces activités et de ce divertissement et on finit par en être dégoûté, parce que le cerveau les associe à des sensations désagréables.

A cela s'ajoute le fait que le manque de dopamine génère de la fatigue parce que le sommeil est moins réparateur, du coup on a besoin de dormir deux fois plus qu'une personne normale.

Mon anhédonie est de pire en pire, malheureusement.

Jenny a écrit : ↑sam. oct. 22, 2022 8:27 pm Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui 22 octobre 2022 ?

Oui, ça ne s'est pas amélioré.

Le truc c'est que je compense IRL (j'ai l'air plutôt sympa, capable de faire la discussion etc...) donc ça ne se voit pas... Alors je fais un peu les frais du "handicap invisible".

Moi aussi, toujours une forte anhédonie, mais je force pas question relations sociales, pas grave si par exemple je souris presque jamais, j'ai pas l'impression que ça pose problème, les gens m'aiment bien comme je suis.

Jenny a écrit : ↑mar. nov. 01, 2022 12:55 am Et est-ce que tu souffres de ce décalage entre l'image que tu renvoies et la réalité des choses ?



Les gens qui prennent les autres comme ils sont, sont des gens bien.

Récemment, j'ai dit à mes voisins que je les aimais parce que jamais je ne voyais dans leur regard un quelconque jugement et ils me regardent toujours dans les yeux. Ils m'ont répondu spontanément : "Mais on est qui pour juger ?"'. J'ai aimé leur réponse.

Oui il s'agit surtout d'une souffrance insidieuse, du fait de ne pas être compris, et que l'on m'attribue des choses/pensées/intentions qui ne me correspondent pas. Sans oublier le décalage dans mon fonctionnement et perception des choses.

Cela me donne le sentiment de ne pas réellement avoir de place en ce monde, voire génère parfois des pensées suicidaires.

Et comme j'ai plus tendance à me blâmer moi-même qu'autrui, je me sens encore plus responsable et fautif de ma condition.

miau a écrit : ↑mer. nov. 02, 2022 11:32 pm Oui il s'agit surtout d'une souffrance insidieuse, du fait de ne pas être compris, et que l'on m'attribue des choses/pensées/intentions qui ne me correspondent pas. Sans oublier le décalage dans mon fonctionnement et perception des choses.

Cela me donne le sentiment de ne pas réellement avoir de place en ce monde, voire génère parfois des pensées suicidaires.

Et comme j'ai plus tendance à me blâmer moi-même qu'autrui, je me sens encore plus responsable et fautif de ma condition.

Je me souviens de tes interventions d'il y a quelques années sur doctissimo, tu étais convaincu/persuadé que pour vivre en société, il fallait jouer la comédie, maitriser tout un tas de techniques de séduction/manipulation à la Koh-Lanta, et surtout pas être simple/naturel parce que ça pouvait conduire à la folie ou à l'exclusion. Bah je pense qu'au bout d'un moment, avec ce genre d'état d'esprit, c'est inévitable d'être mal dans sa peau, et d'avoir l'impression de ne pas être à la hauteur.

Après, peut-être que tu as des pbs de santé qui altèrent ta communication, ton plaisir/motivation/intérêt (anhédonie) ce qui doit représenter un fardeau au quotidien, simplement je pense que quand on est dans cet état là, le fait de placer la barre trop haut (ce qui est une forme de surcompensation, en fait) ne peut que rajouter de la pression et donc de la souffrance supplémentaire.

Quand tu dis que "tu te sens responsable/fautif de ta condition", on sent que tu as pas vraiment réussi à t'affranchir de ce sentiment de culpabilité, de ce mythe selon lequel toutes les maladies seraient de notre faute.

OnEstChezNous a écrit : ↑jeu. janv. 12, 2023 12:03 pm Je me souviens de tes interventions d'il y a quelques années sur doctissimo, tu étais convaincu/persuadé que pour vivre en société, il fallait jouer la comédie, maitriser tout un tas de techniques de séduction/manipulation à la Koh-Lanta, et surtout pas être simple/naturel parce que ça pouvait conduire à la folie ou à l'exclusion. Bah je pense qu'au bout d'un moment, avec ce genre d'état d'esprit, c'est inévitable d'être mal dans sa peau, et d'avoir l'impression de ne pas être à la hauteur.

Après, peut-être que tu as des pbs de santé qui altèrent ta communication, ton plaisir/motivation/intérêt (anhédonie) ce qui doit représenter un fardeau au quotidien, simplement je pense que quand on est dans cet état là, le fait de placer la barre trop haut (ce qui est une forme de surcompensation, en fait) ne peut que rajouter de la pression et donc de la souffrance supplémentaire.

Quand tu dis que "tu te sens responsable/fautif de ta condition", on sent que tu as pas vraiment réussi à t'affranchir de ce sentiment de culpabilité, de ce mythe selon lequel toutes les maladies seraient de notre faute.

Tu exagères un peu.

Oui je pense toujours que je dois m'adapter à cause de ma différence, et donc mettre en pratique ce que je sais des rapports humains. Continuer à apprendre, réfléchir (en conservant un côté impro, car il s'agit pas d'apprendre par cœur mais d'agir à la fois avec intuition et intelligence).

Ma psychologue me dit (à raison, en partie) que je dois m'accepter et être plus à l'écoute de moi-même pour éviter l'épuisement.

Mais en même temps, je dois quand même trouver un équilibre vis-à-vis de la société.

Bref. Soit je m'adapte (sans trop forcer) pour avoir des rapports les plus harmonieux possibles, soit je le fais pas et je reste dans la merde avec aucune perspective.

La question est vite répondue.

D'ailleurs actuellement ça se passe bien niveau relations (je suis en internat en ce moment, pour 4 semaines). Je participe, je prends parfois le lead, même si je reste aussi passif (souvent), fais quelques 'blagues", ai des échanges "agréables" etc, tout essayant de rester "naturel". Ça va, en gros.

Je dis pas que t'as tort non plus. Toutefois t'as tes propres soucis, et ils ne sont pas exactement comme les miens. Alors si tu te sens mieux ainsi (à ne pas apprendre/appliquer la psychologie sociale, ni porter de "masque"), je ne t'incite aucunement à le faire.

Et sinon, je suis fautif dans le sens où certaines de mes décisions de vie ont été "mauvaises".

Ce qui veut simplement dire que j'accepte ma responsabilité.

Après... mon handicap, je sais bien qu'il y a des limites et que je ne peux (et ne dois) pas tout compenser.

Notre maladie, on n'en est pas "fautifs".

Ok je comprends.
Moi aussi pareil: y'a des moments où je me dis que j'ai une part de responsabilité (dans la mesure où, si j'avais pris un peu plus soin de ma santé, j'aurais pu éviter pas mal de merdes), et d'autres moments où je me dis que le risque zéro n'existe pas, les accidents font partie de la vie etc.