Extraits Arcaëlle

Lilith Audrey
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Extraits Arcaëlle

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Bonjour

Arcaëlle
Tome 1 - L'Enac


Chapitre XVII

Après quelques minutes de marche, où elle se sentit comme une moins-que-rien, ils débouchèrent sur l’arène en elle-même ; là où avait lieu les spectacles de gladiateurs. Des groupes d’arcaëlliens étaient formés et s’entraînaient dans une danse parfaite. Étonnement, cela sembla plaire à la jeune arcaëllienne. Se battre, elle savait le faire et ce depuis sa tendre enfance. Trop occupée à observer les combats, Meÿ’Lindha en oublia presque son asservissement total. Son regard passait d’un groupe à un autre, chacun avait son style de combat. Elle fut cependant étonnée de ne pas voir qui que ce soit user de magie. Peut-être était-ce interdit lors des entraînements. Quoi qu’il en soit, Meÿ’Lindha se sentit à l’abri, comme si son destin avait toujours été d’être dans cette arène.
Assise dans un coin, une elfe blonde buvait de l’eau, observant ses comparses, puis son regard s’éclaira en voyant la nouvelle arrivante. Elle fronça les sourcils, un peu surprise et sembla s’agiter quelque peu. La blonde se demanda alors pourquoi la jeune tahora avait un cache-œil. Elle avait une petite idée mais préféra ne pas l’explorer plus en détail. Si elle s’égarait dans ses hypothèses, elle risquait de se mettre en danger pour rien.
Owald beugla des ordres aux gladiateurs, insultant certains au passage. Disciplinés, les arcaëlliens se mirent en rangs sur deux lignes. L’elfe se leva avec nonchalance et alla rejoindre ses frères et sœurs d’armes. L’humain l’insulta copieusement, ce à quoi elle répondit par un geste obscène.
— Tu me le paieras, sale elfe ! gronda l’homme qui fulminait devant le sourire de l’arcaëllienne. Tu es peut-être celle qui me rapporte le plus mais sache qu’un jour, tu finiras comme tous les autres. Alors prends garde à toi. Nous avons une nouvelle dans nos rangs. Faut quelqu’un pour la former. Ben tiens ! Ayelline, tu vas t’en charger !
L’elfe soupira et hocha la tête. Son regard clair se posa sur la nouvelle. Elle la trouva belle et intrigante. La jeune tahora lui rappelait de vieux souvenirs d’un temps passé. Des instants simples mais profondément doux. Dans un autre temps, la blonde semblait nerveuse, sans raison apparente.
Ayelline fit signe à la jeune tahora de venir vers elle. Meÿ’Lindha regarda l’elfe avec curiosité et appréhension. Qu’allait-elle encore subir ? Elle resta figée sur place, forçant Ayelline à venir la prendre par le poignet avec vigueur. Meÿ’Lindha se défit de l’emprise de sa formatrice d’un geste sec puis elle déploya les ailes pour se rendre impressionnante. Elle se dit qu’ainsi, on la respecterait peut-être. Cela eut le don de faire rire sa tutrice du jour.
— Tu penses faire quoi, là ? questionna Ayelline en secouant la tête. J’ai vu des tas d’ailés passer, tu crois que tu vas impressionner qui que ce soit en faisant ça ? Aller, gamine, viens !
L’adolescente, réfléchissant à son avenir, leva les yeux vers la voûte de l’arène et aperçut le ciel. Voyant là une opportunité de fuite, elle s’envola sous les exclamations amusées des autres esclaves avant de se heurter durement à un champ magnétique. L’adolescente pesta en donnant de violents coups de poing dans la prison invisible. La colère l’envahit telle une maladie venant ronger sa raison. Lançant un éclair, elle fut à moitié assommée par le retour de foudre. Elle dégringola et eut à peine le temps de se remettre qu’elle rencontra le sol avec force. L’Enac se sentit à la fois seule, stupide et ridicule. Comment avait-elle pu croire un instant s’en sortir si facilement ? Son père l’aurait très certainement corrigée pour cette erreur d’appréciation digne d’une enfant de cinq ans. Désormais elle n’était plus rien, juste une esclave parmi tant d’autres. Personne. La tahora se releva après quelques secondes sous les regards amusés ou réprobateurs de ses camarades puis se dirigea vers les armes en bois. Les gladiateurs avaient accès à leurs armes uniquement pour les jours de spectacle, Owald les gardait dans son bureau à l’intérieur d’un coffre dont lui seul avait la clef. Meÿ'Lindha se rua alors sur l’elfe, son ennemie de l’instant, puis l’attaqua avec force et rage en poussant un hurlement plein de désespoir. Elle se répéta que désormais elle n’était personne, qu’elle n’était rien. Ayelline para avec grâce et souplesse chaque coup et finit par envoyer son poing dans le ventre de la tahora. Soufflée, Meÿ’Lindha s’écroula sur le sable, se tenant l’abdomen. Suffoquant, l'adolescente crut qu’elle allait cracher ses tripes tant elle avait mal. Elle n’arriverait jamais à se faire à la douleur. Cependant, elle écouta l’elfe lui parler.
— Tout comme toi, je suis prise au piège, assura-t-elle avec conviction. Donc, maintenant, retiens ça : je ne suis pas ton ennemie et je suis probablement ta seule alliée. Alors, du nerf et prends ton destin en main !
L’elfe tendit une main amicale à la tahora afin de l’aider à se redresser. Hésitante, Meÿ’Lindha finit par la saisir et se releva. La tahora observa l’elfe, elle devait avoisiner le mètre quatre-vingt. Ses yeux verts avaient un air rieur tout comme sa bouche fine et rosée. Ayelline eut un sourire bienveillant et se présenta avec une grande douceur. Encore sous le choc, l’adolescente répondit :
— Meÿ’Lindha, si cela a encore du sens.
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