OnEstChezNous a écrit : ↑mar. mai 05, 2020 7:40 pm
Non au contraire je trouve que c'est plutôt pas mal que tu donnes ton avis sur des faits de société (jeux vidéo, boulot etc.) Je trouve que c'est intéressant.
A mes yeux, la tendance, typiquement psychiatrique, à vouloir tout aseptiser, à vouloir à tout prix empêcher les gens de cogiter et de donner leur avis (pour ménager leur sensibilité) est encore plus frustrante, dégueulasse et déprimante que le fait de cogiter. D'autant plus que c'est de la pure projection. Et que c'est infantilisant.
Il y a des gens, comme moi, qui aiment analyser, comprendre les choses, donner leur avis. Et les soignants en psychiatrie (qui sont souvent des ménagères de 50-60 balais d'ailleurs) ne se mettent pas à leur place et projettent leur ressenti personnel sur eux, en mode "Meuh pourkwa tu t'encombres la tête avec ça, tu devrais te trouver une occupation et un passe-temps plus tôt. Chais pas, faire de la photo par exemple". Surtout qu'en général ce genre de personne a tendance à faire du chantage psy quand on ne veut pas suivre leurs conseils.
J'ai toujours été un curieux, aimant analyser et comprendre l'actualité, ainsi qu'un homme d'esprit. J'ai jamais ressenti le besoin de "me trouver une occupation" pour meubler mes journées, par exemple j'ai jamais été "passionné de photo". Pour moi, prendre des photos a toujours été un geste occasionnel (genre je trouve qu'un paysage est beau alors je le photographie), mais c'est pas un truc que j'ai envie de planifier, en mode "Allez hop hop hop, je vais me réserver une après-midi exprès pour prendre plein de photos".
Ce n'est pas le fait de cogiter qui me rend malheureux, c'est au contraire ce sentiment de vide, de néant intérieur, cette difficulté à réfléchir et cet intérêt pour rien qui s'est déclaré depuis que j'ai mes putains de lésions. Je déteste mon nouveau cerveau, je déteste toutes ces sensations désagréables qu'il me procure, je déteste ce que je suis devenu à cause de ces putains de lésions. L'insoumis et l'homme libre que j'étais à 27-32 ans est mort et enterré.
J'ai pas envie de "compenser" ma maladie en menant une vie à 100 à l'heure et en multipliant les activités, comme le préconisent certains, j'ai juste envie de me planquer, de disparaître dans un putain de trou de souris, pour qu'on ne ne me voie plus.
Et de mourir, pour mettre fin à ces putains de souffrances.
J'ai jamais eu l'esprit psychiatrique, en fait mes idéaux de vie, mes valeurs sont aux antipodes de ce que veulent nous imposer ces enfoirés de soignants en santé mentale. J'ai jamais rêvé de correspondre à cet archétype de "patient psychiatrique modèle" qui ne donne son avis sur rien, qui se contente d'effectuer des tâches concrètes etc.
Je serai peut-être obligé de me plier à ces valeurs-là, mais ce sera vraiment à contrecœur et la mort dans l'âme. Quand on est malade, on est souvent obligé de se contenter d'un mode de vie qu'on déteste, non pas parce que ça fait du bien, mais surtout sous la pression sociale (à cause des "braves gens" qui ne nous comprennent pas) et aussi parce notre état de santé ne nous permet plus de faire les choses qu'on aimait avant.