miau a écrit : ↑dim. mai 17, 2020 12:50 pm
J'ai vu ça dans mon fil d'actu FB, je partage.
C'est un peu long, en gros ça critique les pro complotisme qui soi-disant auraient avalé la pilule rouge.
Perso j'y ai répondu en tempérant son message (parce que des fois, ce ne sont pas des complots mais une triste réalité). Puis j'ai fini en disant que j'étais d'accord avec le fait qu'il était plus facile de trouver des fautifs que regarder la vérité en face et prendre ses responsabilités.
Je viens de relire ce texte, et surtout, de me renseigner sur son auteur: Eric Sagan.
Il est ni politologue, ni économiste, ni psy, juste informaticien et romancier (de piètre talent si on en croit certaines chroniques:
https://www.youtube.com/watch?v=Nmt8nWYvabQ ) mais il se permet de faire la morale et de donner des leçons de "psycho de comptoir" à des gens qui sont plus calés que lui dans ces domaines là.
Alors que les lobbies, les groupes de pression, les jeux de pouvoir ont toujours existé dans l'Histoire (les libéraux/libertariens appellent ça le "capitalisme de connivence", l'arrangement entre le monde politique et les milieux d'affaires), les mecs comme Eric Sagan essaient de faire passer pour paranoïaques et irresponsables ceux qui auraient le culot de reconnaitre leur existence.
Si les Eric Sagan avaient un minimum de culture historique, ils sauraient que faire passer la critique du pouvoir pour de la paranoïa a toujours été le propre des régimes totalitaires, notamment communistes: c'était le cas de l'ex-URSS autrefois - qui faisait interner ses dissidents - et c'est toujours le cas la PRC aujourd'hui. C'est la "tentation totalitaire": en se battant pour un monde où on ne pourrait plus critiquer le pouvoir sous peine d'être considéré comme fou, il défend, sans s'en rendre compte, des valeurs qui ne sont pas libérales, mais autoritaires.
Ensuite, même si le texte est long et écrit en langage soutenu (et que les naïfs ont tendance à considérer comme "intelligent" et à croire n'importe quel mec qui parle beaucoup avec un beau vocabulaire), les arguments en eux-mêmes sont grossiers et basés sur des amalgames: il met sur le même plan des théories farfelues (genre "l'homme n'a jamais marché sur la Lune"), avec l'analyse et la critique légitime des milieux d'affaires. Il fait également des procès d'intention à ses adversaires en les soupçonnant de révolution violente, de décapitation, de socialisme etc. Il passe son temps à émettre des jugements moraux. Tout cela en se croyant "rationnel".
Il semble ignorer que si ces théories farfelues ont autant de succès au près des neuneus, c'est en grande partie parce que certains adeptes du tout-psychologique se sont évertué à discréditer les sciences exactes et la logique, considérées comme "matérialistes", "cartésiennes" et "froides", au détriment du mysticisme.
Lorsqu'il prétend que ce ne sont pas les milieux d'affaires qui sont à l'origine des grandes évolutions environnementales, mais l'homme du quotidien, par "plaisir à court terme", il ment effrontément. La plupart des grands projets industriels sont des stratégies collectives, de long terme, où on ne demande pas au péquin moyen son avis. On n'a pas demandé l'avis des gens lorsqu'on les a obligé à travailler à la mine ou à l'usine au péril de leur vie et de leur santé, c'était soit ça, soit ils se retrouvaient à la rue, de même qu'on ne leur a pas demandé leur avis lorsqu'on les a envoyé guerroyer en 14-18.
Et aujourd'hui encore, c'est le marché qui crée des besoins, qui fait en sorte qu'on ne puisse plus vivre sans passer par tel ou tel produit et service. L'exemple le plus concret étant celui des véhicules motorisés, dont la plupart des gens ont besoin pour travailler et se socialiser.
Enfin, dans la dernière partie de son texte, il appelle les gens à être responsables et à agir. Soit, mais comment peut-on prendre de bonnes décisions si on casse le thermomètre, si on interdit aux gens d'analyser les choses, de mettre des mots sur les problèmes?
Pour conclure je dirais que ce genre de texte - écrit en général par des bobos - correspond exactement à la féminisation de la société telle qu'elle a été définie par Soral, où on tente de nier la question sociale en la réduisant à de la psychologie, à de l'émotionnel et à de la morale.
Et d'ailleurs, ce que Sagan semble ignorer, c'est que si ces théories "farfelues" ont autant de succès c'est en grande partie grâce aux efforts des adeptes de la psychologisation à outrance, qui se sont évertués à discréditer la logique et les sciences dures, considérées comme "matérialistes", "trop cartésiennes" et trop "froides", au profit du mysticisme. Un processus qui est par définition réactionnaire puisqu'il passe par l'interdiction de tout débat intellectuel, assimilé à de la folie.
Le féminisme, où la femme voit en l'homme le père et le mari au détriment du patron ou du compagnon de classe, est la preuve, non pas de l'engagement des femmes en politique, mais de leur incapacité à s'engager dans le politique sans le réduire au psychologique et le vider ainsi de sa substance!
C'est en raison de cette "inconscience politique" même, que le pouvoir a toujours flatté le féminisme, puisque passer à côté du politique quand on croit en faire, revient toujours à travailler pour le maintient du régime en place…
Conclusion de ces deux prémices : la féminisation du monde du travail se traduit donc inéluctablement par une baisse de la capacité de lutte et de résistance à l'exploitation, une montée de la réaction !
Ainsi, selon ma théorie, la femme n'est pas "l'avenir de l'homme", mais celle de la social-démocratie néo-libérale, qui passe nécessairement par la dépolitisation "sociétale" des luttes sociales, que certains appellent aussi "fin de l'histoire".
Les conséquences logiques de ce que je viens de démontrer : montée du "psy-cul" au détriment de la conscience politique et des luttes sociales sérieuses, communautarismes sexuel, gay, féministe… contre la solidarité de classe, affaiblissement de la vision du père et dévalorisation de la morale-travail au profit de la séduction, moteur de l'idéologie du désir, avec comme réactions en chaîne : survalorisation du groupisme, de la consommation et du people, dévalorisation des sciences dures et du réalisme au profit de l'onirisme de pacotille et de la pensée magique, astrologie, homéopathie, sectes… D'où la terreur, à juste titre, des sociétés patriarcales traditionnelles face à cette déchéance matérialiste et païenne, et, par contrecoup, leur radicalisation !
Autre extrait de blog:
https://www.syti.net/Manipulations.html