Les psys sont pas spécialement à l'écoute de leurs patients, ils nous voient au mieux comme des emmerdeurs, au pire comme des gens potentiellement dangereux. Ils pensent que c'est le fait de "trop penser" qui nous a rendu malade. Beaucoup d'entre eux sont convaincus aussi que la camisole chimique va nous rendre plus sociable, plus concentrés sur nos activités (ce qui est faux, la plupart du temps on ne s'intéresse plus à rien, on se contente de survivre et de vivoter).
De plus il y a une forte composante sadique dans la psychiatrie (comme dans la plupart des métiers "autoritaires" et "défensifs" d'ailleurs), qui est du à l'histoire de cette institution. J'avais écrit un pavé à ce sujet je sais pas si j'ai enregistré mon brouillon.
Quand on étudie l'Histoire de la psychiatrie, en Europe ou aux USA, on s'aperçoit qu'à la base c'était plus un métier de "petit chef" (basé sur la répression) qu'un métier scientifique ou médical à proprement parler. Vu que le but était de mettre hors d'état de nuire des gens au comportement "anormal".
Avec pour conséquence des traitements choisis non pas selon des critères physiologiques (recherche de la toxicité la plus faible possible par exemple), mais selon leur capacité à mettre hors d'état de nuire les déviants: lobotomies, électrochocs, coma à l'insuline (endommageant les noyaux gris et rendant la personne anhédonique).
La camisole chimique en elle-même produit une maladie de Parkinson artificielle et n'a rien à voir avec la vraie physiologie du cerveau, même si ce traitement a été "amélioré" par la suite (en ajustant les doses essentiellement, vu qu'il n'y a pas de réelle différence entre les "vieux" et les "anciens" neuros, certains vieux neuros avaient le même mode d'action qu'un neuroleptique atypique et vice-versa).
Du coup certains vieux réflexes ont été conservés: on envoie les patients en chambre d'iso avec une piqûre (et donc une augmentation des doses de "médocs") quand ils ouvrent un peu trop leur gueule, pour les intimider et pour leur rappeler ce qu'est la hiérarchie (en mode "ici c'est nous les boss, donc fermez vos gueules").
Le patient est plus considéré comme un déviant que l'on doit ramener sur le droit chemin que comme un malade à proprement parler: on exige de lui qu'il ait une vie "normale", qu'il reconnaisse ses torts, on l'accuse d'être dans "le déni", de se "dédouaner" etc. quand il refuse d'obtempérer ou qu'il se plaint de la toxicité des traitements => des schémas qui rappellent beaucoup ceux de la police ou d'un appareil pénal.
Après y'a d'autres trucs, plus modernes et plus retors, qui sont venus se greffer sur ce background (déjà pourri à la base):
- la culture de l'égoïsme matérialiste, qui fait passer le pognon avant le bien-être du patient (auquel on attache peu d'importance du moment qu'il se montre "fonctionnel").
- le marketing (en gros, l'important c'est pas que le traitement soit le meilleur possible, mais qu'il soit bien "vendu" => cf. la campagne Viva Zyprexa) et le monopole de certains traitements (ex: ISRS) qui en découle. Monopole qui est également du à la bureaucratie évoquée précédemment, qui est hostile au changement.
- la culture du chantage affectif, de la manipulation et du "faites ce que je dis pas ce que je fais" (on exige du patient qu'il soit docile, conciliant, "sociable", à l'écoute etc. tout en adoptant l'attitude inverse avec lui).
Même si tout cela se fait de manière assez hypocrite (sous couvert de "soins", de "défense de la société" et "d'aide").